Dans son rapport annuel 2022, la Commission d’enquête sur le rôle de l’Etat dans le cadre des pratiques de vente de médicaments par Internet, dite « commission Mediator », met en lumière le cas du Levothyrox, médicament prescrit à des millions de patients français et vendus dans le monde.
Le rapport pointe notamment les failles du système de régulation et de contrôle des médicaments par les autorités de santé, comme le souligne l’expert indépendant de l’OMS, le Pr Didier Scemama, qui a conduit l’étude : « Le levothyrox est un médicament qui a été commercialisé sur de longues années, malgré une absence de données probantes sur la qualité de son efficacité. Cette absence de preuves se vérifie dans des centaines de cas rapportés. On peut penser que les autorités de santé n’ont pas cherché à obtenir des preuves de l’efficacité du médicament, qui est censé agir sur le métabolisme thyroïdien.
Ce qui est certain, c’est que le levothyrox n’est pas le meilleur des remèdes, et qu’il est en partie responsable du désastre sanitaire actuel en France.
La commission d’enquête pointe également les responsabilités des pouvoirs publics, qui ont abandonné le patient à sa propre défaillance. Il s’agit de l’autorité de santé et de l’ANSM (agence du médicament). En effet, ces deux agences publiques sont les mieux placées pour informer les patients sur l’efficacité et la sécurité du médicament.
En outre, l’absence de réponse de l’ANSM à nos courriers et à nos questionnaires en 2015, 2016 et 2017 démontre la responsabilité de l’autorité de santé. Il est aussi prouvé que des autorités publiques n’ont pas informé les patients des risques que faisait courir ce médicament sur leur santé.
En conséquence, l’AMM (autorisation de mise sur le marché) accordée par l’ANSM à la firme pharmaceutique Merck a été retirée en 2016 au motif que la FDA (autorité américaine de santé) a retiré le bénéfice de son autorisation à la vente sur le marché américain. Le ministère de la santé français a fait une contre-offre pour obtenir une autorisation de mise sur le marché de la firme pharmaceutique, mais cette dernière a refusé.
En conséquence, le levothyrox a été retiré du marché français en 2017, malgré une pétition de plusieurs milliers de signatures.
Enfin, en ce qui concerne les conditions dans lesquelles a été fabriqué le Levothyrox (et d’autres médicaments), le rapport constate que ces conditions sont à l’origine d’une hausse des prix du médicament.
D’une manière générale, ces conditions ne permettent pas de garantir un produit de qualité au prix de revient. La commission souligne en outre que les industriels et les laboratoires pharmaceutiques ont une obligation de résultat, et que cette obligation n’est pas satisfaite par les autorités de santé.
Pour cette raison, elle conclut que les autorités de santé ont failli dans leur mission de contrôle des médicaments et de sécurité des patients.
Le rapport a également le mérite de rappeler l’importance de la transparence des prix, qui sont pourtant la base de l’évaluation des prix. La commission préconise la mise en place d’une information claire, loyale, non discriminatoire et objective des prix des médicaments.
Dans ce contexte, nous tenons à remercier tous ceux qui ont participé aux travaux de la commission d’enquête sur le rôle de l’Etat dans le cadre des pratiques de vente de médicaments par Internet, dite « commission Mediator ».
Nous souhaitons rappeler que les pratiques de vente de médicaments via Internet par des professionnels de santé ont déjà fait l’objet d’une instruction judiciaire, diligentée par le parquet de Paris et l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS).
Toutefois, les procédures de la commission d’enquête se poursuivent devant la justice. Il est en effet nécessaire que la lumière soit faite sur les pratiques de ce secteur et que les patients puissent bénéficier d’un accès à des médicaments de qualité. »
Levothyrox : le laboratoire Merck reconnu responsable de la défaillance du système de contrôle des médicaments par les autorités de santé
Publié le 18/09/2023
Le laboratoire Merck, fabricant du Levothyrox, a été reconnu responsable de la défaillance du système de contrôle des médicaments par les autorités de santé, selon une décision rendue par la commission d'enquête publique sur le Levothyrox.
Le laboratoire Merck a été reconnu responsable de la défaillance du système de contrôle des médicaments par les autorités de santé dans le dossier du Levothyrox.
Une information confirmée par le ministère de la santé dans un communiqué publié le 17 septembre.
Le 16 septembre, la commission d'enquête publique sur le Levothyrox a rendu un avis favorable à une demande de suspension de commercialisation du Levothyrox sur le territoire national, présentée par l'Association pour la Recherche Thyroïdienne et Hormonale (ARTHRO).
Les travaux de la commission d'enquête publique sur le Levothyrox ont été publiés par France Info.
Après avoir reçu 3 139 contributions et 751 avis, la commission d'enquête publique a rendu un avis favorable, pour la plupart des membres de la commission, au maintien de la commercialisation du médicament sur le territoire national.
« Si cette décision a un impact sur la santé des patients, il est clair que c'est avant tout une responsabilité du ministère de la santé de prendre des mesures pour renforcer le système de contrôle des médicaments », a commenté l'ARTHRO dans un communiqué publié ce mercredi.
L'association, créée en 1989, qui réunit des malades souffrant d'hyperthyroïdie et de maladie de Basedow, fait le lien entre le Levothyrox, le médicament prescrit par la firme Merck, et la maladie de Basedow. Les malades atteints de la maladie de Basedow sont touchés par un dérèglement du système immunitaire.
En 2012, l'ancienne ministre de la santé de l'époque, Roselyne Bachelot, avait annoncé un changement de formule du Levothyrox, médicament prescrit à des millions de patients français. Le laboratoire avait alors affirmé que le changement de formule du médicament avait été effectué pour éviter des ruptures d'approvisionnement. Cette information avait provoqué une pénurie et une vague de plaintes des malades.
« Depuis, il y a eu une évolution dans la manière dont la commission des affaires sociales du Sénat a mené cette enquête », a poursuivi l'ARTHRO. « Les informations concernant la défaillance du système de contrôle des médicaments par les autorités de santé sont désormais disponibles. Les malades peuvent avoir accès à ces informations en allant sur le site internet de la commission d'enquête, sur lequel il est possible de déposer ses observations et de suivre la situation au jour le jour.
Levothyrox : la commission d'enquête publique recommande la suspension de la commercialisation du médicament
Publié le 27/09/2023
Après une semaine de débats, la commission d'enquête publique sur le Levothyrox a rendu ce mardi son avis favorable à une demande de suspension de commercialisation sur le territoire national présentée par l'Association pour la Recherche Thyroïdienne et Hormonale (ARTHRO).
« Cette décision est lourde de conséquences. La commercialisation du médicament a été suspendue en France sur le territoire national le 14 octobre 2021, puis il a été retiré le 22 mars 2023. Le risque de pénurie est important, avec une hausse des prix de 20 à 25 % depuis cette date, et la situation actuelle n'a que peu de chances de s'améliorer rapidement », a expliqué l'ARTHRO, qui représente 16 000 malades de la thyroïde. La commission a ainsi recommandé de suspendre la commercialisation du médicament sur le territoire national.
« Cette décision a un impact sur la santé des patients, mais elle est aussi en lien direct avec les autorités de santé », a réagi le ministère de la santé dans un communiqué.
« La ministre de la santé a pris acte de cette décision et a demandé au laboratoire de poursuivre les recherches pour pouvoir garantir un médicament de qualité à la posologie recommandée », a ajouté le ministère.